La crêperie Saint-Marc à Quimper, la plus ancienne de la ville a une existence chargée d’histoire…
Crêperie dès 1880
A partir de 1880 la propriétaire de la bâtisse en pierre au 2 bis rue Saint-Marc recevait dans la salle de sa maison, pour y manger des crêpes, bourgeois, gens de métiers et militaires.
La création de la gare (1863), de l’hôpital Gourmelen (1878), du collège de La Tour-d’Auvergne (1886) avaient attiré plus d’habitants à Quimper. Les débits de boissons prospéraient grâce notamment aux marchés hebdomadaires et à la présence des militaires.
Les officiers ou les hommes de troupe du 118ème Régiment d’Infanterie de ligne basés à Quimper, en face de la rue Saint-Marc, avaient pour habitude de venir à la crêperie avec leur motte de beurre. Le nombre de crêpes préparé à chacun était fonction de la taille de la motte apportée.
Le dimanche, après le concert classique donné par les musiciens du 118ème, la Crêpière régalait les militaires ou quelques nobles mélomanes venus du Quai écouter les airs de Franz Lachner, Verdi, Massé ou encore la polka d’Albert Parlow.
Dans sa petite cuisine, qui n’a guère changé depuis, la Crêpière préparait les pâtes et les ingrédients puis cuisait les crêpes dans la cheminée, sur le billig.
Caserne de la Tour d'Auvergne à Quimper(ex-Couvent des Ursulines)
Le 118ème d’infanterie de ligne
En 1874, le régiment du 118ème Régiment d’Infanterie de ligne s’installait à Quimper dans le couvent des Ursulines qui avait été le 1er établissement du Diocèse, fondé en 1621 par Sébastien de Rosmadec pour sa soeur Madeleine qui en devient la première Supérieure. Les 41 religieuses avaient été expulsées de leur couvent lors de la Terreur et au moment du Concordat de 1801, les Ursulines n’avaient pas récupéré leurs bâtiments. En 1887 la caserne des Ursulines prenait le nom de caserne de la Tour d’Auvergne.
Le régiment du 118ème d’infanterie de ligne était un régiment prestigieux créé en 1808 pour la première campagne d’Espagne. Le petit-fils de Georges Clémenceau ainsi que le général Pétain y seront affectés. A partir de 1877, la garnison comptait 2200 hommes basés à Quimper.
Le 118ème se distingua pendant la guerre de 1914 – 1918. En 1914, il participa à la « course à la mer » (Maissin, La Boisselle) ; 1915 en Champagne ; 1916 à Verdun ; 1917 à Laffaux et 1918 à Tiffolay où il participa à l’arrêt des troupes allemandes qui menaçaient Paris et au Chemin-des-Dames. Il compta plus de 3000 morts et obtint 3 citations à l’ordre de l’armée. A sa dissolution en 1928, le 118ème est remplacé à Quimper par le 137ème R.I.
La ligne de chemin de fer et la Gare
A la même époque, la Crêpière recevait également dans sa salle, qu’elle avait alors meublée de bancs et de grandes tables de ferme, l’ingénieur Louis Auguste Marie Harel de la Noë.
Après avoir achevé la construction du phare de l’Ile aux Moutons (Archipel des Glénan) l’ingénieur, ses géomètres et contremaîtres avaient pour habitude de s’arrêter sur la route des chantiers des chemins de fer pour prendre leur repas à la crêperie Saint-Marc (la rue de Douarnenez avait été percée en 1842).
Louis Auguste Marie Harel de la Noë avait en charge la construction des chemins de fer de Quimper à Douarnenez, de Quimper à Pont-L’Abbé et de Rosporden à Concarneau.
A cette époque, la crêperie comptait aussi parmi ses clients quelques artisans locaux dont Jean-François Gourvès, le riche forgeron de la rue Saint-Marc, qui venait régulièrement boire une bolée de cidre pour se rafraîchir de sa forge.
Quai et église Saint-Mathieu à Quimper
Marché Place Saint-Mathieu
Le quartier Saint-Mathieu
Un peu plus bas, vers l’Odet, l’église Saint-Mathieu datant du XVème siècle possédait de beaux vitraux. Au Nord, tout contre l’église, se trouvait la chapelle de Notre-Dame du Paradis. Le cimetière paroissial s’étendait au Sud, sur la majeure partie de la place Saint-Mathieu. En 1788, ce lieu de sépulture fut jugé insuffisant pour l’inhumation des morts ; sa translation s’imposait d’ailleurs pour des raisons de salubrité et d’hygiène.
Le 2 novembre 1788, jour de la fête des Morts, le nouveau cimetière, situé près la chapelle Saint-Marc, avait été solennellement béni par le recteur Coroller, accompagné d’un nombreux clergé et du procureur Lharidon de Penguilly, marguillier de la paroisse.
La crêperie, située désormais entre l’église Saint-Mathieu et le cimetière Saint-Marc fut, dès sa création, l’établissement où les familles se rassemblait après les enterrements et où les fidèles se retrouvaient après la messe par temps froid.
Au cimetière Saint-Marc on trouve les tombes de quelques personnalités réputées de Quimper telles Jean-Marie de Silguy (canal de Nantes à Brest, Musée des Beaux Arts), Alfred Beau (peintre, céramiste), Alexandre Massé (inventeur), Emile Le Grand, Edouard Porquier (peintre), Jean-Marie Villard (peintre et photographe)…
La crêperie Saint-Marc va être aussi, grâce à l’affluence hebdomadaire au marché aux pommes de terre de la place Saint-Mathieu, le rendez-vous des acheteurs et des vendeurs venant de toute la région de Quimper.
Aujourd’hui, la crêperie Saint-Marc
Aujourd’hui, le marché est remplacé par « Le Grand marché », marché de plein air où pas moins d’une centaine de commerçants s’installe tous les mercredis et samedis dans un cadre verdoyant le long du Steïr et autour des Halles. Situé à deux pas de la crêperie Saint-Marc, le Grand marché propose toute l’année des produits alimentaires et manufacturés. C’est un espace où les Quimpérois peuvent faire leurs courses en toute tranquillité, la circulation y étant interdite.
La crêperie Saint-Marc, située dans le Quartier des Arts (Chapeau Rouge) est également le rendez-vous des artistes, des visiteurs de la Médiathèque des Ursulines, du Théâtre de Cornouailles, du Centre des Congrès et des passants venant du Centre Historique. Gaëlle Prieur vous y accueille toute l’année pour des crêpes savoureuses.
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